Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain
La question des restitutions du patrimoine culturel spolié et pillé au cours des siècles est délicate dans son approche. À chaque fois qu’elle est posée, elle suscite son lot de discussions enflammées et de polémiques. Le rapport établi par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, remis vendredi 23 novembre 2018 au président de la République n’y échappera pas – en témoignent les premières publications – et ce dernier devait certainement s’en douter lorsqu’il affichait avec fermeté sa volonté à Ouagadougou le 28 novembre 2017 : « je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique » ; une volonté clairement réaffirmée dans la lettre de mission.
Vers une nouvelle éthique relationnelle
Les auteurs du rapport eux-mêmes, évoquant l’idée qu’il n’y a plus d’impossible en la matière, s’y attendaient sans doute en envisageant directement les conditions d’intervention des restitutions qu’ils préconisent. La patine du temps ne fait pas tout. L’objet est là, se dresse toujours pour rappeler sa provenance, l’extrême violence qui a bien souvent accompagné sa captation. Dans ce contexte, tout à la fois historique, culturel, sociologique et humain que les auteurs du rapport mettent en lumière avec érudition, la restitution est une question éminemment complexe qui doit être soigneusement pensée. Chacun se fera son opinion sur les propositions Savoy-Sarr et sur les formulations retenues. Il est à présent dans le débat et fera l’objet d’une publication chez un éditeur dès cette semaine. Il demeure que les recommandations que le rapport comporte supposent un certain nombre de modifications juridiques qu’il faut ici relever.

African figurine face wooden macro photo eyes
Rappelons d’emblée que le champ d’application est limité au patrimoine culturel africain. Il ne concerne que l’Afrique subsaharienne. En effet, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr identifient une spécificité africaine, notamment parce que « la quasi-totalité du patrimoine matériel des pays d’Afrique situés au sud du Sahara se trouve conservée hors du continent africain » (Rapport, p. 3). C’est donc sur cette région du monde que se déploient les effets du rapport remis au président de la République.
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